Elle fut l’une des premières à être construites dans l’après-guerre en France, en 1948. Répondant à un besoin urgent d’équipements ainsi qu’à une nouvelle conception plus ludique du sport en plein air, la piscine du Caussels a été pendant soixante étés un lieu de baignade populaire à Albi. Détruite en 2016 pour laisser la place à une station d’eau potable, elle constituait pourtant une manifestation éloquente de l’architecture du XXe siècle dans la ville, avec ses plongeoirs sculpturaux surplombant le bassin de cinquante mètres, et ses escaliers-gradins épousant la pente du vallon en vis-à-vis d’une baigneuse en béton aux courbes d’une sensuelle massivité. Ces images réalisées en 2012 ne relèvent pas du porn ruines : elles ont avant tout une valeur d’archives visant à fixer les ultimes traces d’un patrimoine condamné. L’année précédant la démolition, le quartier de la Piscine avait déjà anticipé cet effacement de la mémoire en changeant de nom. Admettre que l’on ne peut tout conserver est une évidence : la ville doit se densifier, et parfois se reconstruire sur elle-même. Mais savoir identifier et reconnaître la valeur architecturale – esthétique, historique, sociologique – des réalisations qui méritent notre attention n’en demeure pas moins un devoir culturel fondamental. L’architecture du XXe s. fait trop souvent les frais de l’ignorance, alors que de multiples exemples de réhabilitation témoignent de l’apport stimulant qu’elle peut constituer dans notre vie collective et au sein du paysage urbain.

Architecte : Alexandre Irissou (1897-1991)
Construction : société Chabal et Compagnie