Terres Brûlées
2013

Dans un désert minéral ponctué de paysages apocalyptiques… Les volcans exercent une menace omniprésente jusqu’en-dessous de la surface : leurs sommets érodés, vestiges d’anciens cataclysmes, côtoient les cratères plus récents d’où s’épanchent de gigantesques champs de lave figés. La flore et la faune sont presque inexistants ou invisibles dans un environnement rude et aride. Les rapports entre l’homme et le paysage y sont chaotiques: l’implantation humaine, conditionnée par la topographie et les parcs naturels, est dense et localisée dans les stations balnéaires qui font intrusion dans ce cadre inhospitalier ; elle produit ailleurs un tissu urbain plus lâche et étendu. La présence presque incongrue de constructions sur ce territoire volcanique témoigne à la fois des capacités de nuisance d’une urbanisation qui semble par moments échapper à un réel contrôle, et de la persévérance des habitants qui sont parvenus à prendre l’ascendant sur une nature dont la force de destruction est partout sensible. Dans ce décor improbable, les murets imprimés sur un sol ingrat par la viticulture, tels des vestiges d’une civilisation disparue, côtoient l’architecture sérielle du tourisme de masse. Ces images qui abordent la problématique de l’urbanisme sauvage et du gaspillage foncier induits par le tourisme, prennent ici une dimension prémonitoire: au-delà du caractère poétique de paysages lunaires en partie modelés par l’action humaine, on y mesure aisément, dans une atmosphère silencieuse et mortifère, les conséquences potentielles de l’étalement urbain et de l’épuisement de nos ressources dans un monde dévégétalisé qui se serait retourné contre nous.